Bonjour à toutes et à tous,
Comment allez-vous ? Avez-vous la paix ? Et la famille ? Et la santé ? Et les affaires ? 😉
En tout cas, j’espère que vous vous portez bien et que vous avez le moral.
Ici tout le monde va bien, les bébés Salioun et Khadim sont en pleine santé, les récréations de l’école sont toujours aussi joyeuses et bruyantes… Tout va bien.
Après une longue période de silence, voici un petit point sur mon activité à l’école.
D’abord vous dire que je suis toujours aussi enthousiaste qu’au début à expérimenter l’enseignement autrement, à explorer les différentes formes de mon métier.
Mes actions sont restées assez diverses, et c’est peut-être bien pour cela que j’ai besoin de les réunir ici toutes ensemble dans un « compte-rendu », pour me rappeler les liens entre les projets menés et réaliser que tout se rejoint vers les mêmes but : mettre toute les chances du côté des élèves et leur apporter de l’ouverture intellectuelle et culturelle.
Je ne serai pas tout à fait honnête si je ne vous disais, avant de commencer, que je suis passée par un moment de fragilité. Le statut de bénévole est difficile à gérer, aussi choisi et enrichissant soit-il. Il faut réussir à accepter que le temps, le travail, l’argent investis, sont simplement des dons qui me demandent aussi des sacrifices. Ça a été difficile avant les vacances scolaires, j’y mettais peut-être trop de temps et d’énergie, je faisais beaucoup d’efforts pour m’adapter et pour (me ?) prouver que j’avais ma place et mon utilité, et d’un coup, cela a perdu du sens pour moi-même, ce qui a été accentué par l’arrivée d’Iris, qui a une mission définie, un lieu pour être à l’école et une rémunération (qui, en plus de permettre de vivre est une réelle reconnaissance du travail). Cela n’a, bien entendu, rien à voir avec la relation que j’ai avec Iris ni avec le plaisir que j’ai eu à son arrivée et que je continue à avoir dans notre vie commune, je parle ici uniquement de statuts.
Heureusement, Tonton (Mamadou, le Directeur de l’école) a remarqué mon état de fatigue et a trouvé les mots pour remettre le sens que je ne trouvais plus toute seule. Je ne pourrais pas vous exprimer correctement à quel point cela m’a soutenue, m’a questionné profondément et justement, et quoiqu’il en soit, ça m’est personnel. Toujours est-il que je suis davantage attentive à mes propres limites et que tout ce qui est mis en place avec les élèves, je le construits et le mène avec plaisir.
On peut diviser mes actions en trois catégories :
– Soutien individualisé
– Interventions en classe : anglais et lectures
– Activité du mercredi après-midi
I. Soutien
Avant tout, le cas Baye Thiam : après un mois d’observation, j’ai réalisé que Baye Thiam n’avait pas les mécanismes d’apprentissages d’un enfant « normal », et je n’avais pas les clés pour déchiffrer son fonctionnement, et donc pas les méthodes pour le faire progresser. J’ai d’abord penché pour de la précocité, mais plus le temps passe, plus nous penchons, Iris et moi, pour de l’autisme. Iris a expérimenté d’autres méthodes dont elle vous parlera. En tout cas, c’est hors de mes cordes, je me sens complétement démunie face à lui et je pense sincèrement que je ne peux rien lui apporter.
On m’a confié un CE1 analphabète, Suleymane Diallo. C’est incroyable et fascinant de le voir progresser chaque jour. Il ne savait pas même l’alphabet, et désormais il lit et écrit des mots, et depuis vendredi de toutes petites phrases. Nous avons encore du travail pour lui faire acquérir le niveau attendu en CE1, mais ses progrès sont rapides, ses acquis solides et nous sommes tous les deux très fiers (et pour ma part, émue parfois) des pas franchis. Voici un extrait de son cahier. Il a été rejoint depuis quelques temps par Abdoulaye Faye.
Pour trois CMI qui sont eux aussi passés entre les mailles du filets : Diorkine Gomis, Amadou Koulibaly et Mohamed Diallo, je reprends les bases de la lecture et de l’écriture. Je vous mets aussi en PJ un petit extrait. Jetez un œil aux corrections de dictées, on y voit bien leur cheminement de réflexion (enfin, vous y trouverez peut-être pas le même engouement que moi, ahah !)
J’ai toujours mon groupe de CM2 en difficulté, même si ça demande encore aujourd’hui des efforts d’adaptations logistiques. Les moments sont donc plus rares que prévus, mais ils restent bénéfiques, on se connait bien maintenant, je sais leurs difficultés, je vois aussi que cela les soulage. Les élèves du groupe peuvent varier selon les besoins mais j’ai mon petit noyau de fidèles : Jeannot Mendy, Yacine Ndiaye, Dieynaba Sy, Khadidiatou Sy, Dieynaba Diallo.
Mais je réalise que c’est déjà un message assez fourni et qu’il ne serait pas très digeste de vous raconter tout en une fois. Je décide donc de vous ménager un peu et des laisser le reste pour plus tard.
Concernant ma vie privée, je me régale, je suis toujours à fond avec le wolof et Ibou Sarr, j’ai une super coloc, la vie à deux est quand même plus facile et agréable. Le couvre-feu à 21h est un peu pénible mais « c’est pas méchant ».
A bientôt pour la suite.
Noémie