2021/2022
Et voilà, le premier mois est déjà bouclé, fini, entamé. Je dois dire qu’il est passé à une vitesse folle. Nous avons bien été occupés.
Dès mon arrivée, j’ai goûté à la tendre Terranga du pays sénégalais. Tout le monde est le bienvenu et tout le monde s’y sent bien. Ce qui amène à de nombreuses visites. D’un côté, le chantier jeunes était présent avec Annie & Annie.
De l’autre côté, Catherine et Françoise remplissaient leur mission d’accueil et d’accompagnement. Puis d’un autre, une ancienne service civique, Clarisse, venait prendre des nouvelles sur le terrain. C’était donc dans une vive ambiance que je posais mes bagages.
Ce mois s’en est suivi par la mise en route des ateliers numériques, et des emprunts de livres, tout en rencontrant les membres de la maison, les alentours de Guédiawaye, y compris les petits coins de paradis comme Sali, ou l’île de N’gor.
Visite à Saly chez le peintre Babacar Keeme Taane.
L’installation et l’adaptation se sont faites rapidement. Tellement rapidement que mon pied a fait corps avec la faune du littoral : il a embrassé tendrement un oursin. Ce n’était pas plus mal : cela m’a permis de voir et comprendre le fonctionnement du poste de santé, situé juste en face de la maison. Et, d’apprendre que les épines d’oursin sont cassantes, et très délicates à retirer. Bonne nouvelle, je n’ai plus rien !
Pour revenir sur ma mission principale, les ateliers «numériques » ont débuté avec la lecture de livres. Cela m’a permis de visualiser le niveau de langage et de raisonnement des enfants, tout en, moi-même, intégrant mon statut de tata. Pendant que les ordinateurs étaient libres, ils ont ainsi pu connaître un coup de jeune grâce à Françoise et au technicien. Ils sont comme neufs : mises à jour effectuées et écrans abîmés changés ! Je peux vous dire que la salle informatique est magnifique : nous avons un nouveau tableau tout lisse, un mur repeint, qui attend d’être décoré par les productions des élèves, des étagères libérées et propres, des néons neufs pour illuminer les claviers, des nouvelles nattes pour l’assise confortable des enfants, et une nouvelle balayette (à ne jamais négliger!). Encore merci à Catherine et Françoise pour leur engagement hyper-actif !
J’ai des cours avec des groupes de 8 élèves en moyenne. Pour certaines classes, je vois les élèves au moins une fois tous les 15 jours. Pour d’autres classes, je les vois toutes les semaines. Le rythme est correct : les élèves gardent en tête la séance précédente, et restent motivés. Les séances durent entre 45 min et 1h.
Pour les CI, nous faisons des exercices simples pour la mise en main et en pratique de l’ordinateur. Ils découvrent la souris, le désordre des lettres sur le clavier, la fragilité de l’écran, etc. La langue peut parfois être une barrière, mais on fait preuve d’imagination par les mimes, ou par mon apprentissage des mots importants en wolof. Néanmoins, en l’espace de 2 mois d’école, leur compréhension de la langue a évolué drastiquement. Cela facilite nos échanges et c’est très agréable. De plus, ils sont de moins en moins timides. La lecture participative, en première séance, a beaucoup aidé.
Pour les CP, ils sont très collaboratifs. Nous avons travaillé les syllabes, le clavier (sa sensibilité, ses lettres en désordre, ses particularités, ses emplacements des signes particuliers). Nous continuons à travailler autour des grilles et des lectures de tableau à double entrée. Je vois l’ordinateur comme un outil complémentaire à la réflexion et aux livres à disposition. Les séances s’organisent souvent par un premier temps sur les nattes à parler, supposer, réfléchir sur le sujet, avant de le mettre en pratique ou d’utiliser l’ordinateur.
Pour les CE1, nous faisons le tour de l’Afrique. L’objectif, complémentaire avec leur programme qu’il voit en classe, est de leur faire découvrir les cartes du Sénégal, et plus tard, du monde. Savoir placer le Sénégal. Les oiseaux migrateurs nous accompagnent dans le voyage, ainsi que les jeux éducatifs.
Pour les CE2, après la lecture de Kirikou et le buffle aux cornes d’or, et Kirikou et la girafe, les élèves apprennent à constituer la carte d’identité d’un animal, à l’aide des recherches internet.
Pour les CM1, nous avons entamé des travaux autour de la poésie. Ils découvrent le vocabulaire, et comment identifier des poèmes : strophe, vers, rime. Ils ont pu travailler en audio sur des poèmes. A la dernière séance, ils ont appris à jouer avec les mots et les animaux, tout en pratiquant le traitement de texte.
Pour les CM2, c’est la mise en place d’une correspondance riche avec la classe de 5ème, du collège Jean-Baptiste Clément, dans le 20e arrondissement de Paris. Nous sommes en pleine écriture et description de l’école, pour répondre à leur première lettre. S’en suivra une correspondance individuelle et collective, autour de différents projets artistiques et scientifiques.
Pour les collégiens, je les vois 2 fois par semaine, soit 4h. Ils travaillent la moitié du temps autour de sujets divers, comme les volcans, le système solaire, des expositions d’art, etc. L’autre moitié du temps est réservé à leur divertissement, par la lecture, le dessin, les jeux d’échecs, et en grande partie : Youtube.
J’ai essayé de vous résumer les différents éléments, moyens et séances qui se mettent en place avec les classes. La mission me sollicite beaucoup, car les changements de niveaux m’obligent à m’adapter à un panel très large de pédagogies, et de créations de projets. Je ne peux pas me plaindre du caractère enrichissant et stimulant de la chose.
Pour ma part, j’ai trouvé l’intégration très simple, et même rapide. Le chantier jeunes m’a permis de faire un lien et de rencontrer une dizaine de jeunes, de mon âge, du quartier, avec qui j’ai gardé contact. Ce n’est pas négligeable quand on vient d’arriver ! Le Sénégal reste un pays de la rencontre, même une négociation de prix est un acte d’échange. La rencontre est partout, et, pour un être social comme moi, je suis contente de trouver de la convivialité à chaque coin de rue.
Sur ce, je vous souhaite d’agréables fêtes. J’espère que la situation COVID-19 en France va s’améliorer, ou du moins se maintenir. Ici, les masques sont utilisés contre la poussière, et non contre le virus. Nous sommes donc loin de penser à un éventuel confinement, mais on croise les doigts pour tout le monde.
Merci à tous et à toutes.
« Enseigner, c’est montrer ce qui est possible.
Paulo Coelho, Le Pèlerin de Compostelle
Apprendre, c’est rendre possible à soi-même. »
Mon dernier billet a déjà deux mois ! Le temps passe, je suis déjà presque à la moitié de ma mission. Au fur et à mesure que cette dernière avance, les amitiés et les rencontres se renforcent.
Il m’arrive parfois de penser au moment des au revoir. Ils risquent d’être difficiles. En attendant ce changement de chapitre, je profite du Sénégal à chaque minute. Des rituels se sont imposés ! Vendredi soir, c’est rituel fataya et awalé avec Moustapha. Samedi matin, c’est cuisine avec certains élèves de KFK, où l’on s’initie à quelques recettes, comme les crevettes sautées, les fatayas ou encore les salades de fruits au chocolat et les crêpes. Les deux objectifs de ce dernier rituel : s’amuser, mais surtout ne pas se brûler. Puis, le mercredi soir, un rituel bien moins rigolo mais tout aussi nécessaire : la lessive !
Les week-ends me permettent de bouger. En deux jours, on peut parfois faire beaucoup de choses. J’ai rendu visite à la Gambie, à Toubab Diallow, parfois à Dakar et à sa belle plage des Mamelles, à Toubakouta, etc. Les week-ends qui arrivent seront tout aussi chargés, vers les visites de Gorée, de l’île de la Madeleine, de nouveau N’gor, puis l’accueil de Catherine, Françoise et un oncle, qui sont attendus impatiemment. Le mois de mars s’annonce rempli, comme tous les précédents.
J’ai commencé mon billet par des paragraphes qui racontent le côté festif et loisir de mon aventure à Guédiawaye, mais le travail reste la majeure partie de mon temps. Il est vrai qu’il me prend beaucoup d’énergie. On avance avec les classes. Les évaluations d’informatique commencent ce mois-ci, afin d’avoir une note avant les vacances de Pâques.
Les différents objectifs sont atteints : le respect du matériel, la position devant un ordinateur, le click et le double click, faire des recherches, utiliser le traitement de texte, faire la différence entre word et Mozilla Firefox, … J’espère et j’essaye de garder une pédagogie positive et encourageante.
Les moments de classe en informatique sont des instants éducatifs différents, où la prise de parole et l’expression de son opinion restent primordiales et valorisées. Je pense que les enfants l’ont saisi et ainsi, nous créons davantage d’échanges.
Pour la bibliothèque, les emprunts fonctionnent toujours. Il y a un réel travail du côté de la réparation des livres, qui à force d’être manipulés sont abîmés. Quand j’ai le temps et l’énergie, je fais la lecture d’une histoire à certains le temps de midi. Les lectures libres se font de plus en plus rares, car les enfants quittent l’école de plus en plus tard, donc c’est de moins en moins compatible. Mais, dès que l’occasion se présente, la bibliothèque ouvre ses portes à quelques lecteurs demandeurs.
Globalement, beaucoup de positif, je suis très reconnaissante de mon aventure. A très bientôt pour les nouvelles.
avril 2022… Casamance, Olympiades et TER
Par où commencer ? Pour vous situer le contexte dans lequel j’écris : Catherine est debout sur un banc à vernir les fenêtres des chambres de la maison. Andréa, une amie venue de Belgique, est à côté de moi en train de prendre son petit-déjeuner. Et, pour ma part, j’essaye de réunir mes idées pour synthétiser les deux derniers mois, qui ont été intenses. L’ambiance du quartier est calme, la fatigue du Ramadan se fait ressentir. Le quartier fonctionne en corporéité, nous sommes vraiment ensemble, au-delà-de vivre en, communauté, les énergies se transmettent et se partagent également. Certains matins, on peut sentir quand le quartier et les gens vont être calmes, comme d’autres matins, où on sent que l’énergie sera vive.
Les horaires scolaires changent avec le Ramadan : les journées sont raccourcies. Les cours sont de 8 h à 14 h, et je dois dire que ce sont des horaires plaisants.
Mon oncle et sa compagne m’ont rendu visite au Sénégal.
Nous avons pu organiser des Olympiades avec les classes de CM1/CM2 sur un mercredi après-midi, puis avec les classes de CE1/CE2 sur un autre mercredi. Jeux sportifs, et amusements on été au rendez-vous. Les enfants, comme toujours hyper-motivés, donnent envie de leur organiser
des évènements comme celui-ci. Ils y ont découvert le jeu 1,2,3 … « Le » Soleil, la course en sac, le relai-pneu, la bataille d’éponges, et la passe à 10. Chacun est reparti avec des bons souvenirs, un goûter et un stylo.
Le travail de groupe est nécessaire dans l’organisation de ce genre d’animations, donc la venue de mon oncle et sa compagne, ainsi que la présence de Catherine et Françoise en sont l’occasion. Les vacances de Pâques se sont terminées mardi dernier. J’en ai profité pour visiter la
Casamance.
Oh ! Casamance, ma belle romance : on m’avait prévenu qu’il était facile de tomber amoureux du jardin du Sénégal. Difficile de le croire, sans l’avoir vécu. J’ai plus qu’apprécié mon séjour Casamançais où j’ai vadrouillé entre différents moyens de transports du vélo, à la jakarta en passant par les mini-bus pour aller à la rencontre de la faune, la flore, et les villages. Allant des lieux touristiques, comme aux petits coins perdus entre les fromagers, j’en ai pris pleins les yeux et les émotions. Aucun regret, bien au contraire, pour cette escapade courte mais intense.
Après le séjour Casamançais, l’école a repris son cours. Un peu de fatigue présente de mon côté, j’ai joint les cours d’informatique à la littérature. J’ai accompagné la classe de CM2 au musée des Civilisations Noires de Dakar. La visite était dynamique et participative, les élèves étaient intéressés et curieux. Par cette sortie, ils ont pu expérimenter le TER de Dakar, qui a ouvert son quai au public en janvier 2022. Il faut l’avouer, le TER révolutionne les trajets et es déplacements dans la capitale encombrée.
Cette sortie sera un support pertinent, à communiquer avec la correspondance, que nous entretenons toujours avec la classe de 5ème de Paris. Le planning est serré pour les CM2 entre les essais, la préparation de leur entrée en 6ème, les jours fériés, et les cours d’informatique. Il est arrivé plusieurs fois que mes cours avec eux sautent.
Concernant les autres classes, c’est toujours un plaisir de les recevoir en salle informatique, comme échanger, danser ou chanter avec eux sur les temps récréatifs. Je suis très satisfaite de leur implication, de leur respect, de leur manière de s’exprimer. En l’espace de 5 mois, leur évolution est notable, qu’elle soit dans la langue française ou dans leurs connaissances informatiques. Je suis également très fière d’eux dans leur assiduité vis-à-vis de la bibliothèque. A
l’écart de quelques cas exceptionnels, les élèves rangent, trient, lisent les livres de manière respectueuse. »